dimanche 30 décembre 2007

Décès de Serigne Saliou Mbacké

Aida à ma porte samedi matin : -Baisse ta musique, on est en deuil. …-Ah oui? Qui est mort? Je pense rapidement, une tante éloignée, un frère a l’étranger peut-être. Elle me répond, les yeux grands. -Un grand chef religieux est mort. (À moi-même : Ah, mais bien sur, j’aurais du y penser, je peux pas passer 10 minutes sans qu’on me parle de religion.)

Serigne Saliou Mbacké est décédé à 93 ans, ce vendredi à 14h. Il a été inhumé à 2am samedi, ensuite sa mort a été annoncée. Aida m’informa qu’on l’inhume avant d’annoncer son décès publiquement, parce que sinon ça aurait été impossible de l’inhumer puisque trop de monde serait venu voir sa dépouille. Effectivement, des que sa mort a été annoncée, une mer de monde venant des 4 coins du pays a envahi la ville de Touba, afin d’aller visiter le mausolée du chef. La ville de Dakar mis à la disposition de ses citoyens 100 autobus spéciaux pour ceux désirant aller à Touba. Même des marocains se déplacèrent pour venir honorer sa mémoire.

Aida paraissait affectée. -Tu sais c’était le plus important ici. Tout le monde l’appréciait beaucoup beaucoup. Même les chrétiens. Il a fait de grandes choses. Je lui dis, -Ah oui? Plus grand que mère Thérèsa? Elle répond, convaincue, -Ah mais oui! Beaucoup plus grand! C’était un exemple pour tous. Il est né à Touba et est toujours resté à Touba toute sa vie. Il était tout à fait détaché du monde matériel. Il n’a jamais écouté la télévision. Même le 11 septembre, il n’était pas au courant. Tu sais ce que ça veut dire Serigne? – Non…- La vertue. -Tu dis qu’il a réalisé de grandes choses, comme quoi? -Mais plein de choses! Il était très gentil. Il pensait toujours aux autres -Tu connais les talibés? -Non... -Les petits enfants qui mendient. Il les a amenés chez lui, leur a donné un toit, de quoi à manger. Il leur a fait construire des écoles coraniques pour qu’ils apprennent le coran. –J’ai remarqué q’il y avait tout plein de taxis et de cars avec son nom écrit dessus. Ils vont faire quoi, ils vont les effacer? –Ah mais non ils vont les garder! Tu sais le père de Serigne Saliou était un chef encore plus grand, et ça fait 40 ans qu’il est décédé, et les personnes gardent encore son nom pour ne jamais l’oublier. Il paraît que le père de Serigne Saliou Mbacké était un chef encore plus grand. Le père avait reçu un message de Dieu qu’il avait transmit à son fils. Bref, en perdant Serigne Saliou Mbacké, c’est un peu comme si les musulmans d’Afrique perdaient leur pape.

Le président sénégalais annonça qu’il y aura un deuil national et que le drapeau sera mis en berne 3 jours. Je ne savais pas, mais ici deuil national est synonyme de fermeture des club et boites. C’est un jour triste alors on ne doit pas écouter de musique ni danser. C’est juste plate parce que ça tombe qu’il y a 2 jours je me suis fait un nouvel ami salsero, Elhadj et on avait prévu de (finalement!) sortir danser ce samedi. On a eu beau faire le tour de la moitié de la ville, on trouva aucune place pour danser..Grrr.

Comme si elles allaient à un bal

C’est comment les filles sont habillées ici lorsqu’elles s’arrangent. Elles se maquillent tellement et plusieurs se rasent les sourcils puis les redessinent au crayon. Surtout les chanteuses à la télé, elles sont tellement peinturées que ça pourrait très bien être des hommes et on ne le saurait même pas. Une simple visite à la boutique du coin est un prétexte pour se mettre belle. Aida m’invite à aller avec elle à une boutique de vêtement à 2 coins de rue. Je la regarde lorsqu’elle se maquille, se mettant de la poudre, et encore de la poudre… -On va juste au coin de la rue, t’as vraiment besoin de mettre tout ça? Elle me répond, -Mais si quelqu’un me voyait? Je pense un peu. -Et s’il n’y avait pas de boutique juste en bas pour acheter du pain, et qu’il fallait aller au coin de la rue pour en acheter, tu te maquillerais comme ça? -Mais non! On fait le même chemin mais pour un chandail, on se maquille, pour du pain, non. Eh ben.

Accessoire mode prisé des filles sénégalaises : les perruques. Un jour les cheveux frisés aux épaules, le lendemain lisses très longs avec des reflets mauves. C’est cool je trouve, en un clin d’œil elles changent de look. Mais disons qu’au début de mon séjour je trouvais ça moins drôle, assez mélangeant, car je pouvais voir une personne un jour et ne pas la reconnaître le lendemain puisqu’elle avait changé de tête. Ensuite, j’ai aussi remarqué des annonces à la télé promouvant la beauté d’un teint clair. J’ai vu dans des marchés des tonnes de lotions et de savons dits éclaircissant. Les shampoings lissants se vendent un peu partout. Heureusement, ce n’est pas tout le monde qui souhaite avoir les cheveux lisse : Aida, essayant de me coiffer : Ah mais non, ça va mal tes cheveux, c’est trop lisse : les tresses se défont et les foulard tombent. Généralement les personnes de peau noire sont fières de l’être, les pubs utilisent des personnes noires pour présenter leurs produits. Tout le contraire d’en Amérique du Sud (du moins Pérou et Équateur) ou les publicités sont remplies de filles blondes aux yeux bleus qui ne représentent pas du tout la population. Par contre un point que les femmes ont en commun avec celles d’Amérique latine : elles portent leurs bébés sur leur dos.

Fait inusité qui m’a surpris. Je regardais la télé avec Fama, on tombe sur le clip d’une chanteuse sénégalaise (http://youtube.com/watch?v=ddq2wtkOjtM). Elle était parfaite physiquement à part quelquechose : je remarque qu’elle a un trou assez évident entre les deux incisives de devant. Je lui dis : -Elle est parfaite à part ses dents pourquoi elle ne se fait pas arranger ça! C’est une chanteuse connue c’est pas comme si elle manquait d’argent. Elle me regarde -Le trou la? En pointant ses dents. Je lui réponds -Ben oui! c’est laid on dirait qu’elle a été dans une bataille puis qu’elle s’est fait cassée les dents. Elle me lance : -Mais c’est joli!! Fama m’apprend qu’ici c’est considéré beau et même sexy d’avoir un trou entre les deux dents du devant. Il y en a même qui vont chez le dentiste spécialement pour se faire écarter ou limer les dents. Voyons dont! Dorénavant partout ou je vais je remarque que les gens ont souvent un trou en avant. En j’en reviens pas à chaque fois que le monde trouve ça beau…et j’apprécie de plus en plus mes belles dents parfaites sans trou. Merci papa et maman.

Les femmes ne s’habillent pas toujours en tenue traditionnelle, certaines portent des t-shirt et des pantalons serrés. Cela dépend du type de famille. La mienne étant musulmane conservatrice mes sœurs ne s’habillent pas trop ajusté car le père serait choqué. Par contre, dans la famille chrétienne un peu plus moderne de Roch, on s’habille comme on veut. Les musulmans lorsqu’ils prient se mettent à genoux sur un tapis puis s’inclinent complètement vers l’avant. C’est une des raisons pourquoi les vêtements doivent être longs et amples, afin qu’on soit à l’aise dans la prière. Les attributs de la femme sont aussi cachés dans des vêtements amples pour ne pas déconcentrer les hommes. Idéalement une fille devrait aussi se couvrir la tête devant un homme qui n’est pas de sa famille. Aida porte toujours des foulards, et le remarque aussitôt si je prends une photo d’elle sans son précieux couvre chef.

De mon côté, comme vous pouvez le constater j’ai sénégalisé un peu mon look. Je me suis acheté des pagnes, genre de jupes colorées légères. Je me suis procuré quelques foulards, que je n’emploie pas du tout pour cacher mes cheveux mais bien comme accessoire. Les filles que je suis bombax, que je m’arrange toujours bien à chaque jour. Après une longue hésitation, je me suis fait tresser les cheveux. Je me l’étais déjà fait faire il y a 5 ans et puis je me souvenais que ça m’avait royalement scrappé les cheveux…Tant pis, je suis en Afrique, ça me coûte rien et puis ça repoussera. (Petit secret : le devant n’est pas fait vu que je mets toujours des foulards, donc au moins je sauverai cette partie de ma tête.). Ah autre chose, on m’a dit, parce que j’ai des hanches fortes, que j’avais des formes de Sénégalaise…Antoine me regarde : -Tourne-toi.. Je m’effectue. Tu es blanche avec des formes de Sénégalaise tu vas en briser des cœurs toi. Hehehe on verra.. Anyway un cœur de Sénégalais ça ne vaut pas grand chose s’il est séparé entre 2,3 voir 4 femmes…

jeudi 27 décembre 2007

Le site avance

Le design du nouveau site de Siggil Jigéen a été approuvé la semaine dernière. Je passe donc au découpage et à l’intégration. Il va falloir que je regarde pour un système de pétition en ligne, et que j’organise la logique de mes pages pour que le tout soit facile à mettre à jour.. à suivre…

(cliquez sur l’image pour un agrandissement)

mercredi 26 décembre 2007

Noël

Je suis d’abord allée à la messe de minuit avec Roch et son frère d’accueil, Antoine. Sur le chemin vers la cathédrale, on aperçut des jeunes faire éclater des pétards et des feux d’artifices. La cathédrale était de forme pentagonale et 4 de ses 5 murs étaient ouverts afin que les personnes debout à l’extérieur puissent assister à la messe. Heureusement que j’avais demandé comment m’habiller, parce que tous n’étaient pas en boubous mais bien en tenue moderne. Entre les discours du prêtre, une chorale et des musiciens entonnèrent des chants religieux de style africain… vraiment beaux! Rythmés, entraînants, tout le contraire des chants endormants à l’orgue de chez nous. (jai fait un video que je vais mettre sur youtube) Ca me faisait penser un peu à la trame sonore du roi lion, un peu plus et je voyais Simba apparaître.. hehehe. En repartant je parle des chants à Roch, il m’apprend que ce genre de cérémonie a lieu aussi à Montréal, dans le quartier Iberville dans une église haïtienne, hmm faudrait que j’aille y faire un tour à mon retour.

On revient à la maison de Roch, ou l’on souhaita Joyeux Noël à toute la famille en se donnant des becs sur les joues, certains en donnaient 2, d’autres 3, j’étais un peu mélangée. Aucune décoration à part le petit arbre de Noël dans le coin de la pièce. Ignace, le père de Roch nous présenta 2 Français qui venaient d’arriver au pays et qui sont ici pour 10 jours durant lesquels il leur servirait de guide touristique. On dégusta un repas trop bon. En entrée deux sortes de salades aux crevettes et maïs, et un gros poisson froid mariné déposé sur un beau plateau d’argent en forme de poisson. Ignace nous servi des boissons en apéritif et du vin pendant le repas. On discutait tous en français, j’étais trop heureuse de tout comprendre. De la salsa jouait pendant le repas, je repense un peu à mon Équateur si lointain, à ou j’étais l’année dernière à la même date.

On entama une discussion avec nos cousins français, qui trouvaient que j’avais beaucoup plus d’accent que Roch. La fille pensait que les Québécois parlaient aussi bien l’anglais que le français. Elle me demande même si entre nous il nous arrive de parler anglais. Quoi, mais non, jamais! Je lui raconte que j’ai un ami espagnol, qui une fois pendant une fête, même s’il savait que je parlais espagnol, entreprit de me faire la conversation en anglais…Et j’ai réagit assez vivement : pourquoi toujours passer par l’anglais! Grr! Je fis part à la française que le français était notre cheval de bataille… Je lui parlai de ce que j’avais vu à la télé il y a 3 jours, au Star Académie français. Dans leur version, de 1 Star Academy était écrit en anglais. De 2 presque tous les candidats chantaient des chansons en anglais (même si quelques uns avaient un accent horrible). De 3, une fille a même fait un duo avec Enrique Iglesias, suivit d’une entrevue qui se déroula en anglais, ou la chanteuse (ne sachant même pas ce quelle venait de chanter) se faisait traduire les propos de Enrique en français. Je dis a notre cousine française qu’on aurait jamais vu cela à notre Star Académie québécois ou tout se déroulait en français, les chansons choisies et les chanteurs invités majoritairement québécois français. Elle me répondit que les chaînes de télé publiques ont des quotas de termes et chansons anglaises qu’elles peuvent diffuser, mais la chaîne de Star Academy étant privée, elle faisait ce qu’elle voulait. Elle me spécifia aussi qu’il était IN de parler anglais, que dans les rencontres jet-set, plus les personnes disent de termes anglais, plus elles sont IN. Ce qui fait que les conversations deviennent totalement incompréhensibles pour ceux ne connaissant pas l’anglais.

Je reviens au repas, ou il y avait du porc (!), du poulet et des trop bonnes patates au fromage (dont je dois absolument demander la recette). Conversations en français, du vin, une si belle table, de la salsa, je suis dépaysée sans avoir changer de pays. Je suis si habituée à manger avec mes mains, ça fait étrange de manger avec les ustensiles. Du moins pour la viande pour séparer le bon des os et du gras, ça va mieux avec les mains. On dirait que je ne peux pas m’en empêcher (au moins la mère fait la même chose), ça fait quand même presque 2 mois je mange 3 fois par jour avec mes mains. Le messieu qui vient d’arriver de France me regarde avec d’un air moqueur un peu supérieur. Pfff

La soirée passe vite, et on se rend compte qu’il est 3am. On avait prévu de sortir… on y va? Go, de toute façon le monde sort tard ici. On arrive dans une soirée privée à l’extérieur, pas mal de monde, de l’ambiance. On danse un peu sur su hip hop reggea, lorsque arrive le temps du mbalax j’ai aucune idée comment danser. Une fille que je connais pas s’approche de moi pour essayer de me montrer, je danse un peu avec ses amis, qui rigolent bien de voir une toubab danser leur danse. Je remarque que Antoine, qui a laissé sa petite amie a la maison, colle pas mal une autre fille… En plus, il venait de dire dans le taxi que la polygamie était une bonne chose. Et lorsque Roch répétait vouloir rester fidèle a sa copine du Québec, Antoine le décourageait fortement et se foutait presque de sa gueule. Ouff j’aurai définitivement pas de petit ami sénégalais.

Bref, j’avais raison, Noël chez Roch était beaucoup mieux que la Tabaski dans ma famille. Et en plus aucun massacre de moutons.

Je vous à tous de bonnes fêtes! Mangez plein de tourtières pour moi!

Downs

Il m’est arrivé à quelques reprises d’expérimenter des downs, (chose qui ne m’était jamais arrivé en Équateur). Ils sont déclenchés par l’accumulation de certains évènements qui me font sentir, impuissante, perdue, fâchée. Lorsque la nourriture est tellement immangeable que je ne mange que le riz blanc en dessous de la sauce. Lorsque je mon niveau d’incompréhension face aux coutumes devient trop élevé, souvent en ce qui a trait au statut des filles. Lorsque tout est tellement cacophonique que je ne m’entends plus même penser ; les bébés pleurant, les moutons bêlant, la télé qui joue du mbalax insupportable à tue-tête, les hommes parlant tellement fort qu’on dirait qu’ils s’engeulent. Lorsque je voudrais simplement comprendre ce qui se dit autour de moi et que j’ai beau me concentrer à fond je n’y comprends rien et je me sens un peu stupide. Lorsque je n’arrive pas à respirer de l’air quand je marche sur ma rue, que de la pollution. Lorsque je retrouve une grosse coquerelle dans mon lit. Lorsque je sens que tout le monde me dévisage lorsque je marche dans la rue. Lorsque j’aimerais avoir plus d’indépendance, pouvoir déjeuner quand je veux sans avoir à attendre après quelqu’un, pouvoir aller n’importe ou quand je veux. Lorsque je me retrouve seule et que je m’ennuis un peu le samedi soir, je pense à mes amis, aux si bons soupers qu’on se fait. Aller danser la salsa…

Je me sens alors loin de chez moi et besoin d’une connexion avec mon monde. J’appelle chez moi, mes parents mes amis… la facture monte vite, pour 10 minutes ça me revient à 4 000 cfa 8$, mais sur le coup je m’en fou, j’en ai besoin. Ainsi j’ai dépensé 3 cartes d’appel de 10 000 cfa 20$ = 60$ en un mois. Autre chose qui me console un peu, aller m’acheter des fruits. Je pourrais sûrement survivre 4 mois en mangeant du seulement du riz, du pain blanc, du mouton gras, du riz, du pain blanc. Mais mon équilibre mental pas sur…Les fruits sont du luxe ici, à 250 cfa (0.50$) la pomme, 500 cfa (1$) la mini bouteille de lait je crois que j’ai dépensé environ 25 000 cfa 50$ le mois dernier, seulement pour ces aliments de base, (fruits, lait, œufs, fromage), mais qui ne me sont pas fournis par la famille. En plus du téléphone et la bouffe, les sorties coûtent cher, car lorsqu’on invite quelqu’un ou un groupe, ça veut nécessairement dire qu’il fait payer pour tout le monde; taxi-aller, entrées, bouffe, taxi-retour…Tout ça fait que ça me coûte un peu plus cher que prévu, et que j’ai pété mon budget mensuel de 200$ le mois passé..

Souvent, le soir, question de mettre mes idées au clair, j’écris ce blog. Ca me permet de me sentir connectée à mon monde, car je sais que je serais lue. Et que, a quelque part, même si quelquefois je sens que je fais rien de spécial ici, je permes à plusieurs personnes qui ne le pourraient pas autrement de voyager à travers mes écrits.

lundi 24 décembre 2007

Les castes

Les castes sont déterminées par les noms de famille. Ceux-ci témoignent du niveau hiérarchique des ancêtres. Il y a trois castes : les bourgeois, les griots et les bûcherons. Les forgerons font le travail manuel et qui se salissent les mains. Les griots sont les chanteurs et conteurs, ceux qui divertissent. Les bourgeois possèdent l’argent et le savoir.

Il y a plusieurs sous-castes dans les castes principales. Il y a quelquefois des plaisanteries entre elles. Un bourgeois dont la sous-classe plus reconnue peut dire à un autre en blaguant qu’il est son maître, qu’il lui devrait obéissance parce qu’il est plus haut placé. Ca m’a étonné, ce genre de blague dans une société qui a connu l’esclavage, j’aurais pensé qu’on aurait eu tendance à ne pas trop y faire référence…spécial.

Depuis la nuit des temps, les relations sont marquées par cette hiérarchie. Les forgerons demandent, les bourgeois donnent. Les castes se marient entre elles, sans exception. Un bourgeois ne peut marier un forgeron ou un griot. Je demande à Aida de quelle caste fait partie. Elle me répond fièrement que Dieng est bourgeois. On regarde un talk show à la télé, je lui demande au hasard les castes des noms qu’on voit apparaître. On change de poste, on tombe sur une analyse des manifestations qui ont eu lieu à Dakar. Celle-ci effectuée par un sociologue connu, éduqué, qui s’exprime bien et pas laid en plus. « Il est de quelle caste lui? » Elle me répond « C’est un forgeron. » Je luis lance « Il est connu. Il passe à la télé. Il a un bon job. Il est éduqué. Il est mignon. Et malgré tout ça, juste à cause de son nom de famille, il ne serait pas assez bien pour toi? » Elle me répond, d’un air supérieur très convaincu. « Mais noooon! C’est un forgeron! Tu sais, si je marie un forgeron, ma famille ne me parlera plus. » Je n’en revenais pas… Une personne née forgeron a beau travailler fort et réussir dans la vie sur tous les aspects, elle restera toujours inférieure.

La mentalité de la famille de Aida est conservatrice et suit encore la coutume. Par contre, j’ai rediscuté des castes avec le père de Roch, un chrétien un peu plus moderne. Il affirmait qu’il accepterait volontiers que sa fille marie un homme de caste inférieure. Le plus important étant qu’ils s’aiment. Je fus vraiment étonnée de sa réponse…et par l’offre qui la suivit. Je baillais, il me demande « Tu veux un café ? Eh bien oui, j’étais justement en train de penser que j’en voulais un, merci. » Il se leva et allât me faire un café! J’en revenais pas, un homme qui servait une femme, j’aurais jamais vu ça dans ma famille musulmane conservatrice. Il revient, je lui fais part que j’étais vraiment étonné de ce qu’il venait de faire. Il me répond que l’homme doit aussi aider la femme, que les deux sont la pour s’entraider. Wow! C’est fou, des mentalités tellement différentes se côtoient ici.

La Tabaski

La Tabaski est une des deux fêtes les plus importantes pour les Musulmans (la 1ere étant la Korité, la fin du Ramadan). Pendant la Tabaski, chaque famille tue un mouton pour commémorer qu’Abaraham était prêt à sacrifier son fils pour démontrer sa foi en Dieu. La date à laquelle la Tabaski est finalisée quelques jours avant sa célébration, car elle varie à chaque année selon le calendrier musulman et la lune.

Les jours précédents la Tabaski, les préparatifs allaient bon train partout dans la ville. Marchés aux moutons à chaque grande intersection. Concours à la télé, à la radio et sur les cellulaires pour gagner un splendide mouton. Les bêêêê (plutôt bweuurgk) retentissaient dans la ville et sur le toit de ma maison ou se trouvaient 4 moutons. Se faire fabriquer un habit spécial semblait la norme, donc Aida m’acheta un basin rose qu’on demanda à Ngaya de coudre. Tous les couturiers étaient surchargés de travail. Gas et Ngaya travaillaient tout le temps très tard le soir, même les fins de semaine.

La journée avant la Tabaski, les bonnes quittèrent la maison pour aller passer la fête chez elles ; c’est l’unique période de l’année pendant laquelle elles s’absentent. Aida, Fama et moi on hérita de leurs taches ménagères. Le matin, Aida et moi on ramassa les crottes de moutons sur le toit à l’aide de balais faits avec des longues épines de conifère. Ensuite on lavât ma chambre. Tasser les meubles, jeter un peu d’eau savonnée par terre, frotter avec un balai puis p asser un torchon à quatre pattes par terre pour éponger ce qui reste. Je lui demande : Il ne vous arrive jamais d’utiliser une mope? Tsé un genre de grand balai avec une éponge au bout? Parce que comme ça à quatre pattes on doit finir par avoir mal au dos. Elle me répond Non pas vraiment, tu sais on est habituées comme ça. Je lui dis, Et si j’en achetais une, les bonnes l’utiliseraient? Elle me dit, Non je crois pas, c’est pas dans la culture. On continue le ménage, j’attrape un choc électrique en tassant un câble pour la télé, Ouch! Puis on change de pièce, on va dans la chambre de Zuké. Je me pète la tête contre la fenêtre ouverte en me relevant. Ayoye! Je finis en aidant Fama à laver la chambre de l’autre Yaye. Je passe un chiffon sur les meubles puis elle me montre comment laver les miroirs avec un journal. Un journal un peu mou, un peu humide, ça fait la même job qu’un essuis-tout.

Le matin de la Tabaski, les hommes mettent leurs habits puis vont à la mosquée pendant que les femmes préparent le repas. On coupe des oignons, des patates et de l’ail ; ça en fait en titi des légumes à couper pour 20 personnes. Les hommes arrivent et le massacre des 3 moutons commence. Pour quelqu’un n’ayant jamais été confronté à ce genre de scène, j’ai trouvé ça un peu dur. Tellement que ça me levait le cœur et que le midi je me suis contentée de manger ma canne de macédoine de légumes. **Ne pas lire la suite du paragraphe si vous avez le cœur sensible.** L’un après l’autre les 3 moutons sont égorgés, puis vidés de leur sang, coulant lentement dans un bac. J’ai eu une vision particulièrement terrible lorsque j’aperçus un mouton, couché depuis assez longtemps a terre avec la gorge ouverte, soudainement bouger, faisant de grands gestes comme s’il pouvait encore se débattre pour vivre. Les bêtes sont ensuite gonflées puis ouvertes de partout. Leurs carcasses étaient pendues par la tête, les intestins grisâtres pendouillant. Il y avait du sang partout. Je tournai mon banc dans la direction opposé à la tuerie mais Aida m’interpellait et mon regard déviait et se fixa à quelques reprises sur deux têtes posées à terre sur un grand carton, sans corps et sans peau. Elles me dévisageaient de leur œil gluant sans paupière…Cheikhou, tu pourrais pas les tourner au moins? J’ai l’impression qu’elles me regardent.. Les coups de machettes coupant des os retentissaient. Aida me demanda de tenir un bout de côtes encore tièdes pour quelle puisse enlever le gars autour ; dire que une demie-heure auparavant elles faisaient encore partie du mouton. Les hommes faisaient le tout machinalement, dire que depuis leur enfance ils sont habitués à faire ce genre de chose…

Roch, chanceux, arriva quand le massacre fut terminé. Ngaya me fit essayer mon habit : trop serré! J’arrivais pas à respirer.. Aida lui avait dit de faire de quoi de serré, mais bon elle l’a conçu ultra serré du haut et ultra large du bas… Grrr! Et puis la jupe, j’avais spécifié un pagne pour pouvoir marcher, puis elle m’arrive avec une jupe étroite. Cibole. Elle le ramène en vitesse chez son couturier, puis me le ramène un peu moins serré du haut. Ah la la j’espère qu’on va le re-ajuster par la suite parce que la je trouve que mon 27 000 cfa 54$ en vaut pas trop la peine…

J’enfilai mon habit rose, il était rendu le soir. Je demande aux filles ce quelles font. Aida me répond, On s’habille et on se maquille… Je réponds Ok… et ensuite, vous allez ou? Eh bien on reste ici. Wow méchante fête. Heureusement que Fatou nous invite chez elle parce que Roch et moi faut qu’on bouge. On arrive chez ma collègue de travail, elle nous présente a sa famille, et son mari chrétien nous offre de l’alcool! Bon enfin, parle-moi de ça! Il met de la musique et on jase un peu. Tout le monde me dit que je suis belle. Il y a un peu plus d’ambiance que chez moi mais bon, les conversations sont souvent en wolof et personne danse. On décide d’aller chez Roch.

On prend un taxi, on arrive chez Roch, je salue son père, sa mère, sa sœur et son frère. Sa famille est chrétienne, donc ne célèbrent pas la Tabaski. Tout le monde parle bien le français, non seulement avec nous, mais aussi ENTRE EUX. Ils nous invitent à manger…sur une TABLE, avec des assiettes individuelles et des ustensiles! Et en plus il y a une bouteille de VIN! QUOI! T’es trop chanceux Roch! La bouffe au menu est exactement comme chez moi mais en version améliorée. Et surtout j’ai l’impression que tout est plus propre et que j’ai pas les germes de tout le monde dans mon plat. Je discute avec le père de Roch, avec qui je peut entretenir une vraie conversation intelligente. Chez moi au contraire je n’oserais jamais contredire le père même si je sais que j’ai clairement raison.. En plus je comprends tout ce qui se dit autour de moi, wow. Comme une bouffée d’air.

On en avait tellement entendu parler de cette Tabaski, je m’attendais à un peu plus…J’ai trouvé que le jour ressemblait beaucoup aux autres, à part que le midi on tue des moutons. Visiter de la famille et bien s’arranger sont des choses qu’on fait quotidiennement…Vivement Noël (je le passerai dans la famille chrétienne de Roch).

samedi 22 décembre 2007

Mbalax

Le style musical a la mode ces temps-ci est le Mbalax.

Le chanteur le plus populaire est Youssou Ndour. Sa belle-soeur Viviane Ndour est aussi très connue.

http://fr.youtube.com/watch?v=YOeVcafwleI – Youssou Ndour

http://fr.youtube.com/watch?v=asRp96_cfGc – Viviane Ndour

http://www.youtube.com/watch?v=1X8n04dmo1U - Fallou Dieng

Personnellement, moi je trippe pas trop, le beat répétitif me tape un peu sur les nerfs et surtout il me semble identique dune chanson a l’autre.

Et ça se danse un peu n’importe comment...On se plit d’abord comme si on aurait un mal terrible de dos. On fléchi les genoux vers l’intérieur, un peu comme si on voulait se retenir pour aller pisser. Puis on fait de grands mouvements de bras un peu n’importe comment…Comme si on faisait des babye à des oiseaux qui voleraient un peu partout. Ou encore comme se faisait attaquer par une horde de chauve souris. Ou encore comme si on aurait perdu son détendeur en plonger et puis qu’on voulait le rattraper. Ou encore comme si il y avait un feu devant soir qu’on essayait déteindre. Ou encore comme si on venait de pêcher des poissons avec un filet et qu’on le tirait vers soi.

Les filles se shakent aussi beaucoup le derrière. Tandis que les hommes eux remontent de temps en temps pendant une demie seconde leur chandail pour montrer des abdos souvent absents.

http://fr.youtube.com/watch?v=EQQmW2c57JM

C’est particulièrement drôle de voir cette danse effectuée par des filles habillées comme si elles allaient à un bal. Tout d’un coup, elles enlèvent leurs chaussure et se mettent à danser un peu n’importe comment comme si elles se venaient de mettre le pied sur une ruche et quelles se faisaient attaquer par un nuage d’abeilles.

jeudi 20 décembre 2007

Réserve de Bandia

J’avais découvert dans mon lonely planet qu’il y avait une réserve à visiter tout près de Dakar. Sortir de la ville, voir autre chose, go on y va! Ibra, un ami de la famille, demeure tout près et m’offre de m’y amener. Olivier et Kalilou se désistent, mais mon partner Roch me laissera pas tomber (eh ce qu’il est cool ce Roch, merci d’être là!). On se rejoint assez tôt et on prend le taxi que Ibra nous a négocié. Roch est crevé et dort pendant que défilent devant nous d’innombrables marchés aux moutons. Il se réveille brièvement pour donner des biscuits a des enfants collés à la fenêtre du taxi. On quitte enfin Dakar et son trafic polluant pour embarquer sur une plus grande route donnant sur des villages puis la mer et enfin des champs peuplés de baobabs.

On arrive à l’entré de la Réserve de Bandia, Ibra salue un de ses amis y travaillant, on paie nos entrées et le guide. On remarque quelques 4x4 à louer ; la visite se fait impérativement avec ceux-ci durant la saison des pluies car les chemins sont boueux. On décide d’opter pour la façon économique et de faire la visite en taxi. La Réserve de Bandia compte 1 500 hectares ou les animaux se promènent en liberté. Depuis l’ouverture du parc il y a 10 ans, plusieurs naissances ont eu lieu ce qui fait le nombre d’individus de certaines espèces a plus que doublé. La Réserve, facilement visitable car petite et peuplée d’herbivores plutôt habitués aux voitures, me faisait un peu penser à un gros zoo de St-Félicien. On put y apercevoir plusieurs espèces : antilopes, buffles, girafe, autruches, phacochères, rhino (importé d’Afrique du Sud).

Je trouvais ça un peu plate que les bibittes en question sautent sur le chemin, qu’on ait presque pas à les chercher, mais bon au moins elles vivaient en simili-liberté. Une autre chose un peu décevante, le guide avait pas grand chose à dire, il fallait carrément lui poser des questions si on voulait savoir de quoi…Il disait qu’il travaillait autrefois dans les assurances, qu’il s’était recyclé en guide parce que la compagnie avait fermé. Finalement, il y avait aussi l’air du chauffeur de taxi, qui n’avait pas compris qu’on utiliserait son véhicule pour faire la visite, alors il nous y conduisit d’un air marabout et pressé.. Je crois que ce que j’ai le plus aimé c’est contempler la foret de baobabs qui s’étendait à perte de vue. Déjà le jour, le paysage paraît étrange et inquiétant, avec tous ces grands arbres croches aux branches qui se tortillent ; la nuit ça doit être une vision digne des films d’épouvante.

Après la visite on revint à l’accueil ou on aperçut des tortues géantes, un singe et un phacochère qui se tenaient proche du resto. À côté de celui-ci un panneau disait Dégustation gratuite. Roch et moi on s’approche. Une fille fait goûter des alcools fruités. Hmmm vraiment bon, belle façon de terminer notre visite.

Toutes les photos ici : http://picasaweb.google.fr/IzzabelleM/Senegal_ReserveDeBandia

Niokolo-Koba
Pendant notre visite, on en profita pour demander des infos au guide sur le plus grand parc du Sénégal, Niokolo-Koba. Il nous informa qu’il est possible d’y observer des félins et éléphants. Par contre, le parc étant très grand (1 million d’hectare), les animaux sont plutôt durs à trouver et il faut y rester au moins une semaine pour être surs d’apercevoir quelque chose. Roch me demanda : T’aimerais pas voir des zèbres? Ah mais oui, bien sur! Je réfléchis un peu. Tant qu’à faire un safari en Afrique aussi bien aller ou toutes les bêtes intéressantes se trouvent, en Afrique du Sud..ca ne vaut pas la peine de le faire ici..

mercredi 19 décembre 2007

Le royaume de la délicatesse

Je suis assise par terre, Fama me tresse les cheveux. Aida, sa copine Djé et Baye Niane sont assis sur le lit à côté. Sa copine se lève, prend ma boite de céréales à 8$ et se sert sans me demander. Heureusement elle me dit merci, mais bon elle aurait quand même pu demander avant d’en prendre. Tout d’un coup pour une raison quelqueconque elle décide de remonter son chandail et le garder ainsi. Miss à la petite bette parfaite nous révèle ses abdos d’enfer à faire jalouser n’importe qui. Debout, elle me dévisage : « Tu as plein de petits boutons sur le visage toi. » Enh! Merci de me le rappeler, comme si j’avais pas remarqué… Voir qu’elle me dit ça! Je sors calmement un « Ouais je sais je dois être allergique a quelque chose, ça va sûrement repartir au Canada. » Fama continue de me tresser les cheveux, elle termine puis tout le monde s’en va. La Miss en question revient et me demande des mouchoirs puis me sort un « Tu as grossi toi. » Quoi! Fuck you pour qui tu te prends! Je lui réponds « Ca m’étonnerait je vais 3 fois par semaine au gym. » Je lui dis finalement. « Tu sais, au Canada, ça se fait pas du tout dire à quelqu’un qu’elle a des boutons ou qu’elle a grossi » Elle me regarde, toute incrédule « Ah oui ??? Mais pourquoi? » « Parce que c’est pas gentil. » « Ah oui ?? » Miss s’en va comme si de rien n’était. Tssss

samedi 15 décembre 2007

Une soudaine envie de devenir végétarienne

Ce midi deux des quatre moutons qui étaient sur le toit se sont battus. Le perdant semblait avoir été sonné très fort, parce qu’il ne pouvait plus se lever ni bouger les pattes. Je le regarde, il respire lentement, pauvre lui.. je descends vers ma chambre puis je remonte en haut, on lui a tranché la gorge et on est en train de le gonfler a laide dune pompe!!? On mapprend que cest pour que la peau ne colle pas après la viande. Ughh. Roch arrive, il est curieux, je le fais monter mais je ne veux pas voir ce qu’il arrivera par la suite…Lorsque je remonte Aida et les filles sont en train de faire griller des bouts de chair et de foie sur le feu. Elles m’invitent à m’asseoir et a prendre un morceau, j’ai pas trop le choix. Mon regard se fixe sur la tache de sang a mes pieds. Plus loin, j’aperçois sur un papier journal les pattes et les cornes du feu mouton. Je remarque un bol en métal je me lève un peu, curieuse, les intestins gris y gisent. Uuugh. Hadi me tend un bout d’os entouré d’un peu de viande grasse. Dire que la veille je caressais la tête de ce mouton qui était le plus beau des quatre, et puis maintenant j’étais en train de gruger la viande autour de ses os. Assise à terre, mangeant avec les doigts, entourés d’entrailles de moutons ensanglantées, je me sentais plus que jamais comme une carnivore primitive…Pour souper je me suis contentée de manger les haricots, la salade et du pain. Je ne vais pas devenir végétarienne, mais bon, je veux pas connaitre personnellement lanimal et je préfère ne pas etre témoin des étapes qui font que celui-ci se retrouve dans mon assiette...

Tiken Jah

Mercredi soir je suis allée avec Roch, Olivier, Kalilou et Clara (travaillant avec Olivier a la radio) au concert de Tiken Jah Fakoly, qui avait lieu au Centre Culturel Français. Roch et moi se négocie un taxi, puis on arrive au CCF… pour réaliser que tous les billets ont été vendus. De nombreux revendeurs se tiennent juste à côté des portes, on en achète 2 pour 6000 cfa (12$) chaque au lieu de 5000 cfa (10$). Quelques secondes plus tard une dame nous donne une paire, gratuitement. Cool finalement ça nous revient a 3000 cfa (6$) chaque! Roch et moi on arrive plus tôt, les autres viennent nous rejoindre exactement quand Tiken commence le spectacle. Il y a quelques centaines de personnes, dont les deux tiers sont des toubab. On se trouve un spot ou on aperçoit assez bien la scène, mais un gars pas mal trop dedans situé juste devant nous nous embête un peu pendant le show ; il danse, crie, saute, court sur place, fait de grands gestes et entre presque en transe…Malgré tout on passe un très bon spectacle. J’étais vraiment contente d’être là, je connaissais plusieurs chansons (celle du 1er album) ; si vous écoutez mes vidéos vous m’entendrez chantez en tant que 3e choriste : P. Mes amis ont adoré le show et tout le monde s’est acheté le cd en sortant.

Tiken Jah chante du reggea engagé et fait passer beaucoup de messages dans ses paroles. Pour que les pays riches ouvrent leur frontières à ceux qui sont dans le besoin. Pour que les étrangers viennent visiter l’Afrique et se fassent leur propre idée au lieu de se fier sur les images de la télé. Non à l’excision. Les messages les plus courants touchent la politique.Gauche, droite c’est la même chose. Pour dénoncer les politiciens en poste depuis 40 ans qui devraient quitter la politique parce que les choses ne bougent pas. Pendant le spectacle,Tiken prit la parole à quelques reprises. L’Afrique c’est un paradis, les Européens paient des milliers d’euros pour venir ici au soleil, nous on a le soleil toute l’année. Il dit quelques mot sur son pays d’origine, la Cote d’Ivoire, ou le Nord et le Sud se sont réconcilier. Un autre message que j’ai plus ou moins compris traitait de politique Sénégalaise ; comme de quoi qu’il ne faut pas s’étonner qu’un fils suivre son père en politique…ou quelque chose comme ça. Le président n’a pas du tout aimé et a ordonné au chanteur de quitter immédiatement le pays. Pourtant c’était pas du tout extrême comme message.. Les filles de ma famille ont dit qu’elles avaient entendu dire que Tiken avait dit au président Quitte le pouvoir! Quitte le pouvoir!…Non c’est pas du tout ça! C’est le titre dune chanson qui parle des présidents en poste depuis 40 ans qui ne font pas bouger les choses, ça a pas rapport avec le Sénégal!

Les autres stagiaires

Roch est arrivé deux semaines après Olivier, Ariane et moi. Son mandat, flou depuis le début, était supposé se préciser ici, mais ce ne fut pas le cas. Il a dû se trouver lui-même des trucs à faire et travaille pour le moment au Réseau sur un système de gestion avec Gm ail. Il vit avec une famille chrétienne ; il va à des mariages ou tout le monde danse, avec des grands banquets remplis de bonne bouffe et de VIN! Je suis jalouse! (mais bon il a promis d’essayer de m’inviter la prochaine fois). Il travaille avec moi au Réseau alors on se voit souvent et il nous arrive d’aller dîner ensemble le midi. Il a un portable sur lequel on écoute des épisodes des Simpsons. Il est d’origine haïtienne mais né a Montréal. Il est super gentil et il a l’air partant pour faire pas mal toutes les activités que je lui propose. (Faites-vous pas des idées, il a une copine depuis 4 ans à laquelle il écrit des poèmes, onhh c’est cuuute)

Olivier travaille présentement à Altercom ou son principal mandat est de faire des vidéos de présentation des organismes en expliquant notamment leur intervention dans le domaine de la violence faite aux femmes. Ses amis de Montréal ont été bien surpris d’apprendre qu’il partait en Afrique faire un projet comme celui-ci, lui qui d’habitude produit plutôt des films d’horreur fuckés. Il n’avait pas de famille d’accueil au début et logeait chez Alioune, un employé de la radio ; il dormait dans la même chambre que 7 autres gars dans des conditions assez pénibles. Heureusement il a changé de maison et loge maintenant chez une famille musulmane. Il se tient avec les personnes de la radio car dans la famille il n’y a personne de son âge.

Olivier et Kalilou viennent nous dire bonjour de temps en temps au Réseau. Kalilou est arrivé en même temps que Roch et travaillera sur le site web de Altercom. Il est canadien d’origine sénégalaise. De plus il est musulman alors il ne vit pas le même choc que nous.

Ariane est disparue dans la brume. Non, sérieusement j’ai entendu dire par Fatou qu’elle aimait bien Kaolak…et qu’elle parlait couramment wolof. (*jalousie*)

mardi 11 décembre 2007

Vie quotidienne a Dakar

Première sortie en club

Je suis allée avec Pape, (un ami de la famille) et ses amis au club appelé Casino. Ici les personnes sortent très tard : nous sommes arrivés à 2 am… et encore là c’était tôt car la majeure partie des personnes sont arrivées à 3am! Contrairement à en Équateur ou j’étais parmi les grandes, ici j’étais bien petite. Tous sont si grands, et les filles s’habillent en très court et serré, tout le contraire de ce qu’elles portent le jour dans la rue. On paie 6 000 francs l’entrée (12$) qui vient avec une consommation gratuite. Je remarque que presque personne n’a de verre à la main. Pape et ses amis ne prennent pas de bière car leur religion ne leur permet pas de consommer de l’alcool. Tant pis, moi j’en prends un drink! On me remet un truc ultra sucré qui doit contenir 0.0001% d’alcool. Je jase un peu avec Pape, mais la conversation reste assez basique car il comprend mal le français et me fait souvent répéter. Je remarque un très vieux toubab maigre avec tous les cheveux gris, qui doit avoir au moins 60 ans, avec une très jeune fille noire d’à peine 18 ans. Elle danse très près de lui et s’y colle langoureusement, on dirait vraiment une danseuse avec un client…je suis littéralement dégoûtée. Pape, ses amis et moi on bouge vers la piste de danse et on danse toute la soirée sur du hip-hop, RnB, coupé décalé et zouk. On sort du club… à 5hre!

La plage et plongée

Je suis allée avec Fama et Ngaya à la plage de Voile d’Or. L’eau était un peu froide mais j’étais bien contente de finalement pouvoir me baigner. Nous étions entourées de plusieurs toubabs, des arabes et deux oiseaux rigolos avec des coiffures excentriques. J’ai pris une petite marche jusqu’à l’autre bout de la plage. En revenant j’ai remarqué un poisson échoué sur le sable. Je le prends…il bouge encore! Quoi?! Comment il a fait pour atterrir là? J’amène mon nouvel ami avec moi et je le montre aux filles en leur disant que j’ai pêché le dîner, on rigole. Je l’enveloppe dans un papier, le rapporte à la maison puis je le mange le soir.

Ce samedi matin je suis allée plonger à la plage de Ngor. Je suis allée rejoindre la dame de la boutique Nautilus pour une plongée de rafraîchissement, parce que ça faisait un bout j’avais pas plonger. On plongeât dans une baie pas très profonde, et je dois dire que ça faisait mon affaire parce que je ne suis pas super à l’aise en plongée… Une plongée assez courte mais qui me permit de voir plein de tit poissons argent et jaune.

lundi 10 décembre 2007

Les repas

Les repas ont les mêmes noms qu’en France : le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner.

Le petit déjeuner se prend au lever, (vers 9h pour moi) et de façon plutôt individuelle car tout le monde se lève a des heures différentes. Normalement, je me lève, je croise Aida et quelques minutes plus tard, elle qui m’apporte un morceau de pain baguette et café instant, servis sur un plateau de métal que je dépose sur le sol. Un petit morceau de beurre est enveloppé dans un bout de papier ciré et du lait évaporé se trouve dans le petit sac de plastique non-identifié. Je suis bien contente d’avoir mon pot de beurre d’arachide importé directement de Montréal et mes bananes achetées au marché du coin pour compléter le tout. Quelquefois lorsque je suis pressée, je prends un bol de céréales (All Bran à 8$!) avec du lait (qui goûte vraiment bizarre sil est pris tout seul) avec bien sur une éternelle banane. Le déjeuner est toujours le même : pain blanc, café instant ; jamais d’œufs, jamais de fruits. Je m’achète très souvent des fruits, du lait et du jus car autrement je n’en mangerais pas du tout. Les fruits coûtent assez cher (0,50$ par pomme, 1.20$ pour une livre de bananes) et ça reviendrait assez cher en acheter à chaque jour à tout le monde dans une si grande famille (environ 15 personnes).

Le déjeuner est servi vers 14h.. La semaine il m’arrive de manger avec les dames au Réseau. Soit elles mangent du tchéboudjenne (riz au poisson) ou elles vont chercher des shawarma (wrap libanais) au resto du coin. Un nouveau stagiaire, Roch, est arrivé la semaine passée, il nous arrive d’aller dîner (oops scuzer, déjeuner) ensemble. Si on me donne l’opportunité de manger des shawarmas je saute sur l’occasion parce que en général je trippe pas trop sur ce qu’on mange ici traditionnellement (je ferai un autre post sur la cuisine sénégalaise prochainement).

Lorsque je vais manger à la maison le midi (euh, plutôt à 14h), nous mangeons tous assis par terre ou sur des petits bancs de bois, dans le corridor du 2e, ou sont situées les chambres. Le grand plat de métal dans lequel se trouve le repas est déposé sur une nappe au centre. Tous prennent une cuillère de métal et se servent dans le grand plat en pigeant de temps en temps avec leur main droite. Les bonnes mangent la plupart du temps seulement avec leurs doigts ; elles décortiquent les poissons et séparent le bon du mauvais. Personnellement, quand j’arrive, j’observe d’abord le plat, en analysant ce qui a l’air d’être mangeable. Ensuite je saute sur l’unique carotte puis j’attrape le chou en enlevant le plus de sauce possible. Aida et les bonnes déposent dans le coin de l’assiette qui se trouve en face de moi des bouts de poisson qui sont supposés être sans arêtes. J’analyse chaque bouchée avec minutie en essayant d’enlever le plus de sauce possible. Je termine en revirant le riz devant moi pour manger la partie blanche, intacte de sauce.

Après le déjeuner, on boit du thé (Ataya) à la menthe, très sucré. J’adore! J’en boirais le matin, midi et soir! A la maison c’est Abdul qui le fait (le seul moment qu’on le voit, pour moi il est le gars qui fait le thé c’est tout) et au Réseau c’est Faye, le concierge- homme à tout faire. L’ataya est servi dans un petit verre à shooter. Il est mousseux, et on ne boit pas la fin car il y a des petites feuilles de menthe dedans. On en boit 2 ou 3 et il est supposé aider à la digestion.

Le dîner se prend vers 21h sur le toit, quand il fait froid (comme ces jours-ci) dans la cuisine. Au début de mon séjour, je mangeais avec le père et ses femmes et je me sentais plus ou moins a l’aise en essayant de leur faire la conversation. Comme Ariane l’avait décrit, on sentait que notre seul rôle était d’approuver et d’admirer tout ce que le père disait. Je suis du genre à ne pas me gêner pour dire ce que je pense et disons que j’ai auto-censuré beaucoup de répliques. Les 3 femmes ne parlant pratiquement pas français, j’avoue que j’avais bien hâte que le repas finisse. Mais bon, ça va mieux maintenant parce que je mange en même temps que les enfants. Ah oui, et une bonne chose, à chaque soir, étant donné que c’est la saison, on mange du Xal (melon d’eau) comme dessert.

On m’a demandé pourquoi ils ne mangeaient pas sur une table. La réponse : ça ne fait pas partie de la culture, point. J’ai découvert une somptueuse grande pièce en haut, près de la chambre du père. Grandes fenêtre, divans dorés, tapis multicolores… et une grande TABLE! J’ai été super étonnée de la découvrir. Je demande à Aida pourquoi on ne mange pas dessus : ce n’est pas dans les habitudes, c’est tout. La coutume est de manger à terre, soit sur une nappe ou directement sur le sol qu’on nettoie par la suite. Je me lave toujours les mains avant de manger… j’espère seulement que les autres font de même, étant donné qu’on mange tous dans le même plat…

vendredi 7 décembre 2007

l’Ile de Gorée

Attraction plutôt triste, l’Ile de Gorée était un port de départ d’esclaves. Jy suis allée parce que j’en ai beaucoup entendu parler, que le site était inscrit au patrimoine de l’Unesco et pour voir autre chose que mon quartier...sans penser vraiment a tout ce que ça représentait. On a visité la maison des esclaves, les salles ou les personnes, hommes, femmes enfants, étaient gardés. Les femmes violées, les hommes engraissés avant d’entreprendre la traversée qui durait un autre 3 mois, lors de laquelle plusieurs mouraient. On nous montre la porte donnant sur l’océan, par ou les africains quittaient leur pays en sachant qu’ils ne reviendraient jamais…20 millions de personnes en tout. Je savais que l’esclavage avait existé, mais ça s’est passé il y a tellement longtemps, et si loin de chez moi, c’est facile de l’oublier. Mais c’est autre chose se rendre sur place, avoir des amis africains, qui, nés a une autre époque auraient pu être faits esclaves. Je regarde mon amie Aida pendant la présentation du guide, mon âge, toute belle, toute gentille...C’est trop fou, inimaginable...je sais plus trop ce que je fais ici, j’ai soudainement honte d’être blanche...

On sort de la maison des esclaves, on passe ensuite a la légère et colorée visite de la ville. Après avoir visité un lieu aussi significatif, je me sentais un peu coupable de passer à d’autre chose aussi rapidement… encore une fois tout oublier et passer à autre chose. Bref. Donc on allat se promener accompagnés de notre guide Moustapha, qui nous présenta les différents édifices, dont des écoles renommées d’ou graduèrent plusieurs présidents. Gorée, est très calme car il n’y a pas d’automobiles (heureusement car sinon elle deviendrait vite aussi polluée que Dakar). Les murs jaunes, oranges et rouges, les arches, les fleurs, le ciel bleu, me faisaient penser un peu au couvent Santa Catalina au Pérou (sans toutefois l’égaler). De nombreux kiosques vendent des œuvres d’art, dessins, peintures, sculptures, aux touristes. J’aime bien l’art et il y avait vraiment des belles choses que j’aurais aimé contempler plus longuement, mais sans l’intention d’acheter je me sentais mal de m’y attarder. J’y retournerai peut-être plus tard avant mon départ du pays afin de faire le plein de souvenirs...

lundi 3 décembre 2007

Mon répertoire (très limité) en wolof

(Note : le x se prononçant un peu comme le jota en espagnol, c’est a dire un genre de R craché venant de la gorge)

Dama beugg : je veux
Djeredjeff : merci
Woaw : oui
Dedèt : non
Dama xif / marr : j’ai faim / soif
Dama tang / sedd : j’ai chaud / froid
Danga : tu as/tu es
Na ga def / magni fi rèk: comment ça va/ ça va bien (la traduction juste étant Qu’est ce que tu fais, un peu comme Whats your doing, et Je suis ici seulement)
Na ga tudd : comment tu t’appelles
Ak : avec
Xal : pastèque
Ndox : eau
Méo : lait
Keur : maison
Tchabi : clé
Chèb
: riz
Djén : poisson
Coudou : cuillère
Paca : couteau
Ataya : thé
Mourou : pain
Bountu : porte
Dal : chaussures
Mousse : chat ou intelligent
Sonou : fatigué
Jigéen : femme
Siggil : soulever
Rafète : beau/belle
Nelaw : dormir
Lèke : manger
Dem : aller
Dik : retourner
Ligui : maintenant
Mbeugel : amour
Rèk : seulement
Lool : trop
Tai : aujourd’hui
Dèki : petit-déjeuner (déjeuner)
Agne : déjeuner (dîner)
Rère : dîner (souper)
Fan/Ana : ou/ou est
Kane : qui
Lane : quoi

Expressions
Salam aleikoum/ Aleikoum asalam : Bonjour / (réponse à bonjour) -- (en arabe)
Al hamdoullilah : Grâce à Dieu -- (en arabe)
Inch Allah : Si Dieu le veut -- (en arabe)
Fanal ak jam : Dors avec la paix

Français de France :
Des minutes (cellulaire) : du crédit
Coquerelles : cafard
Melon d’eau : pastèque
Un verre : un pot
Imprimer: tirer une copie
Se stationner : se garer