vendredi 7 décembre 2007

l’Ile de Gorée

Attraction plutôt triste, l’Ile de Gorée était un port de départ d’esclaves. Jy suis allée parce que j’en ai beaucoup entendu parler, que le site était inscrit au patrimoine de l’Unesco et pour voir autre chose que mon quartier...sans penser vraiment a tout ce que ça représentait. On a visité la maison des esclaves, les salles ou les personnes, hommes, femmes enfants, étaient gardés. Les femmes violées, les hommes engraissés avant d’entreprendre la traversée qui durait un autre 3 mois, lors de laquelle plusieurs mouraient. On nous montre la porte donnant sur l’océan, par ou les africains quittaient leur pays en sachant qu’ils ne reviendraient jamais…20 millions de personnes en tout. Je savais que l’esclavage avait existé, mais ça s’est passé il y a tellement longtemps, et si loin de chez moi, c’est facile de l’oublier. Mais c’est autre chose se rendre sur place, avoir des amis africains, qui, nés a une autre époque auraient pu être faits esclaves. Je regarde mon amie Aida pendant la présentation du guide, mon âge, toute belle, toute gentille...C’est trop fou, inimaginable...je sais plus trop ce que je fais ici, j’ai soudainement honte d’être blanche...

On sort de la maison des esclaves, on passe ensuite a la légère et colorée visite de la ville. Après avoir visité un lieu aussi significatif, je me sentais un peu coupable de passer à d’autre chose aussi rapidement… encore une fois tout oublier et passer à autre chose. Bref. Donc on allat se promener accompagnés de notre guide Moustapha, qui nous présenta les différents édifices, dont des écoles renommées d’ou graduèrent plusieurs présidents. Gorée, est très calme car il n’y a pas d’automobiles (heureusement car sinon elle deviendrait vite aussi polluée que Dakar). Les murs jaunes, oranges et rouges, les arches, les fleurs, le ciel bleu, me faisaient penser un peu au couvent Santa Catalina au Pérou (sans toutefois l’égaler). De nombreux kiosques vendent des œuvres d’art, dessins, peintures, sculptures, aux touristes. J’aime bien l’art et il y avait vraiment des belles choses que j’aurais aimé contempler plus longuement, mais sans l’intention d’acheter je me sentais mal de m’y attarder. J’y retournerai peut-être plus tard avant mon départ du pays afin de faire le plein de souvenirs...

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Juste lire ton post me rend tout à l'envers. Il est vrai qu'il est facile d'oublier les événements malheureux de ce monde quand nous y vivons loin. Il est intéressant par contre que tu nous en face part.

Tes photos sont super belles! Continue de nous partager ce que tu vis. Et si tu pouvais me ramener un de ses étranges oiseaux sur la plage que tu as vu, j'en prendrai bien soin! :)

Anonyme a dit...

Ça m'a chamboulée aussi de lire ton post... Y a de ces jours où on est bien peu fier d'être humain... et blanc.

Mais déjà qu'on soit quelques uns à avoir appris de ces événements odieux, à en ressentir la honte, ça prouve qu'il y a de l'espoir. J'ose croire qu'un beau jour peut-être, le monde sera peuplé de gens sensibles et respectueux qui ensemble rendront le monde meilleur pour tous. Chaque petit grain de sable compte!

Lâche pas Isa, ce que tu fais traverser de l'autre côté de l'océan comme expérience et comme information est une façon de tous nous conscientiser. Ça nous pousse à voir plus loin que notre petit nombril. C'est déjà vraiment bien.

Prends soin de toi et au plaisir de continuer de te lire!

Anonyme a dit...

Salut
Juste une précision. Les marchands d'esclaves étaient noirs. Voici ce qu'en dit le Mr Joseph Ndiaye, conservateur de l'ile de Gorée :

Le commerce

À partir du début du XVIIe siècle, la suprématie maritime des Provinces-Unies était incontestable. La plus grande partie du commerce extérieur de l'Europe se faisait avec des navires hollandais.

Tous ceux qui désiraient obtenir des produits africains, asiatiques ou américains devaient s'adresser à elles. Cette attitude eut de graves répercussions en Afrique. Les plantations américaines étaient mises en valeur grâce à la main d'oeuvre noire. Après la possession de colonies en Amérique, il fallait venir lutter en Afrique pour avoir des esclaves. Contrairement à ce qui se passait dans le Nouveau Monde, il ne s'agissait pas de conquérir des terres pour former des colonies agricoles ou de peuplement. Ce qui les intéressait, c'était la création de comptoirs pour appuyer les opérations de traite.

C'est pourquoi la côte de l'Afrique de l'Ouest était libre de toute possession européenne. Les indigènes étaient indépendants.

Au milieu d XVIIe siècle, cette côte était fréquentée par les Anglais, les Français, les Hollandais, les Danois, les Portuguais, les Suédois, tous engagés dans l'industrie de la traite négrière.

En 1602, les Provinces Unies fondèrent la Compagnie Générale des Indes Occidentales. Elles avaient droit de conclure des traités avec les rois indigènes.

Au début du XVIII siècle, plusieurs postes de traite jalonnaient le cours du Sénégal. En 1677, Gorée fut prise aux Hollandais. À première vue, cette île semble avoir reçu de la nature aucun des dons qui assurent aux groupements humains un destin hors série. Elle est stérile et exiguë. Mais en dépit de ces handicaps, elle présentait une situation avantageuse sur la côte occidentale d'Afrique. Couverte par la Côte avancée de la " Presqu'île du Cap-Vert " et se trouvant à une lieue de la terre ferme qu'est DAKAR, Gorée offre un mouillage excellent pour les gros navires.

Gorée en outre se trouvait à proximité de certains royaumes où les compagnies avaient des factoreries.

Par Rufisque à 20 KM elle commerçait avec le Cayor. Mais la cause profonde de l'échec des compagnies françaises résidait dans le fait que la région sénégalienne ne fournissait pas assez d'esclaves comparativement aux autres zones.

La technique utilisée par les Portuguais pour acquérir des esclaves lors de leurs premiers contacts avec l'Afrique était " FILHAMENT ".

On attaquait par surprise des villages dont les habitants étaient alors conduits au Portugal.

Avec le rapide accroissement de la demande, il était urgent de mettre sur pied un système d'acquisition plus rationnel que le rapt. Les populations avaient en effet appris à se méfier des navires. Dès qu'elles apercevaient des mâts, elles faisaient le vide. Les Ports gais cherchèrent donc à établir des relations commerciales normales sur la base d'échange de produits. Ils utilisèrent alors comme interprètes les premiers captifs naguère introduits au Portugal.

Ces esclaves leur fournissaient des renseignements précieux tant sur les sources de l'orsque sur les coutumes des indigènes.

Un trafic relativement régulier s'établit entre les Portuguais et les habitants du littoral.

L'intrusion des autres nations européennes dans ce commerce donna naissance à une catégorie d'individus qui jouèrent le rôle d'intermédiaires entre les compagnies et les Africains.

Ces intermédiaires étaient Noirs ou Mulâtres. Avant de se rendre dans les différents marchés de l'intérieur, ils signaient des contrats par lesquels ils s'engageaient à fournir une quantité déterminée d'esclaves aux bailleurs de fonds qui pouvaient être des négociants ou des agents de compagnie.

Avant le départ vers différents postes de traite on envoyait à grands frais les émissaires pour engager les commerçants de l'intérieur (dioulas) prendre la direction des marchés où se déroulaient les transactions. À l'approche de la date de départ vers les ports où ils devaient rencontrer les Européens ou leurs courtiers, les commerçants de l'intérieur procédaient au ramassage des esclaves qu'ils avaient achetés dans différents marchés de leur pays.



Les prix

À l'époque de la traite négrière, les marchands africains avaient déjà de solides traditions commerciales. Les transactions avec le monde méditerranéen ou l'Océan indien en avaient fait des partenaires avisés, très attentifs aux moindres variations des cours des produits. Dans tous les cas, il ne s'agissait pas d'argent monnayé.

Les produits africains étaient troqués contre des articles d'importation. Les mêmes systèmes demeurèrent dans les traites. Les esclaves, marchandises humaines, étaient simplement troqués contre les produits de traite apportés par les négriers. Lors des premiers contacts avec les Africains les Européens introduisaient surtout du fer. Sans doute, les Noirs avaient-ils des hauts fourneaux qui leur permettraient de transformer en fonte les minerais de fer locaux.

La barre de fer devint rapidement la monnaie avec laquelle on achète les esclaves. La quantité de barre proposée dépendait de l'âge et de la condition physique des esclaves. Selon qu'ils étaient grands ou petits, jeunes ou vieux, infirmes ou bien portants, les prix suivaient des courbes variables.

L'esclave étalon qui servait de critère de référence pour la fixation des prix , était la " pièce d'Inde ". C'était un Nègre âgé de 15 à 20 ans, vigoureux, bien constitué et sans aucun défaut. En outre, le Européens inondèrent le marché africain de produits variés allant des textiles aux armes à feu, en passant par les couteaux, les sabres, les ustensiles de cuisine et les boissons alcoolisées. Ces articles avaient une grande importance pour les Africains, sinon ils ne les auraient pas acceptés.

Mais certains d'entre eux s'avérèrent finalement désastreux pour la santé de la population. Les spiritueux minèrent ceux qui les utilisaient sans retenue. Les armes à feu facilitèrent les destructions sur grande échelle des personnes et des biens même si ailleurs elles favorisèrent la constitution d'États forts.

Dans l'état présent, il n'est pas possible de convertir en monnaies actuelles la valeur des marchandises introduites en Afrique.

Les prix que payaient les marchands européens pour se procurer la marchandise différaient profondément de la valeur qu'ils mettaient en elles en venant les proposer aux commerçants africains. À la fin du XVIIe siècle le Européens s'étaient entendus pour faire du prix de vente en Afrique le double de celui d'achat. Ils devaient en effet faire face aux dépenses exigées par l'assurance, l'armement des bateaux et les pertes.

Mais en jetant un regard rétrospectif sur une longue période de l'histoire africaine, on ne peut s'empêcher de dire que c'est en définitive avec de la pacotille que l'Europe a privé l'Afrique de ses éléments les plus robustes au profit du Nouveau Monde.

Karim (ou dexxa)